J’ai une certaine tendance (pour ne pas dire une tendance certaine ) à être obsessionnelle. J’en ai conscience…
Certaines de ces obsessions sont peu encombrantes & plutôt faciles à dissimuler, d’autres nettement plus envahissantes. Certaines sont passées au fil du temps ou ont évolué, de nouvelles sont apparues, d’autres encore n’ont jamais varié
Parmi elles, une qui est très tenace chez moi : quand j’aime quelque chose (ça marche aussi avec “quelqu’un” ! Car je suis extrêmement fidèle & loyale), il m’est TRÈS TRÈS difficile d’en changer.
Illustration toute bête & récente : j’aime le stick pour les lèves Dermophil Indien à la vanille. Sa texture est parfaite à mes yeux, son goût aussi (sans goût “vanillé”, paradoxalement !)… bref, je l’utilise depuis des années.
J’en ai partout (dans tous mes sacs, sur mon bureau, à la maison : partout !!!) J’en rachète très régulièrement car je les use très vite, été comme hiver. Mais, gros problème depuis quelques mois, je n’en trouve plus
Je ne sais pour quelle raison (mes recherches sur Internet & du côté du fabriquant n’ont rien donné côté explications). S’il y a bien du Dermophil Indien classique, celui à la vanille n’est plus commercialisé depuis un moment, ce qui est terrible pour moi & difficilement acceptable ! Je suis capable de faire la tournée des magasins & des pharmacies aux alentours pour trouver le bon stick (mais en l’occurrence, dans ce cas précis, je n’en ai plus trouvé nulle part).
Si je dis ça à n’importe qui je sais qu’on va penser que je suis dingue, & qu’un stick à lèvres est un stick, point. On va me dire que je n’ai qu’à en choisir un autre ; pourquoi se compliquer la vie ainsi ?! Mais pour moi, ce n’est pas si simple.
Le stick que j’utilise n’est pas “un” stick, c’est LE stick que j’aime, celui dont j’ai l’habitude, que j’ai accepté !!!
Cette difficulté à aller vers la nouveauté, à lâcher prise ou à sortir de mes habitudes s’applique à nombre d’autres choses (rituels quotidiens, marque d’eau, de shampoing, de maquillage, de kleenex, organisation des semaines, etc.).
Comme le personnage de Sheldon Cooper, dans The Big Bang Theory, j’ai aussi mes places
Ce personnage est extrêmement bien vu car, si les créateurs ont affirmé qu’ils ne s’étaient pas spécialement inspirés du syndrome d’Asperger pour créer le Dr Cooper mais qu’ils l’avaient seulement voulu « sheldonesque », il est indéniable que ce sheldonisme n’est autre que le SA, dont on a bien sûr exagéré les traits, pour les besoins & les ressorts comiques de cette excellente série
Lorsque je l’ai découverte (grâce à une lectrice de mon autre blog ! ), j’ai immédiatement été conquise par Sheldon, il exprime tant de chose que je ressens profondément. Dont la fameuse place (sur le canapé, dès le début de la saison 1, mais aussi par la suite, sur le parking de son lieu de travail… alors qu’il n’a pas de voiture !).
J’ai ma place sur le canapé moi aussi, comme j’ai ma place sur le parking du supermarché que je fréquente. Et c’est pour moi extrêmement contrariant quand je ne peux pas avoir cette place, la mienne (!). Il m’est arrivé d’attendre 30 minutes sur le parking, le temps que la place convoitée se libère… & si je ne parviens pas à me garer à cette place, c’est terrible pour moi, intérieurement.
Comme si j’étais sur une petite barque au cœur d’une tempête, avec d’immenses vagues qui risquent à tout moment de m’engloutir, pour tenter de vous donner une image de ce que je peux ressentir dans une situation pareille
De même, lorsque j’étais étudiante, lycéenne, collégienne ou écolière, j’avais ma place dans les salles de cours, dans la cour de récréation, à la cantine. Ces rituels sont rassurants pour moi, & quand ils ne sont pas satisfaits ou quand il y a un changement inattendu & brutal, cela génère immanquablement une anxiété (que j’ai plus ou moins appris à gérer, avec le temps, mais qui reste tout de même très présente aujourd’hui encore).
Une autre forme d’obsession que j’ai toujours eu lorsque quelque chose m’intéresse, je vais être obligée d’acquérir une foule de connaissances relatives à cette chose. J’ai besoin de lire compulsivement tout ce qui s’est écrit sur le sujet, besoin de tout comprendre, tout maîtriser de A à Z.
Soit ça me passionne, soit je n’y accorde aucune importance, & ce, dans tous ce que je fais. J’ai du mal à être dans la demie-mesure
En apparence cela pourrait sembler être une bonne chose pour qui ne le vit pas, mais c’est à mon sens bien plus une malédiction qu’un don.
L’effet pervers de cette manière de fonctionner étant une forme de lenteur ! Ayant toujours le sentiment qu’il faut savoir plus, lire plus, analyser plus avant d’avancer un pion… & donc, pendant ce temps, la Terre tourne ; les autres n’attendent pas, ils n’en ont ni la patience ni l’envie
Autre obsession qui a évolué au fil des ans, sans pour autant disparaître : le temps. Etre toujours à l’heure, synchroniser toutes les montres & horloges de la maison (celles non reliées à Internet) à la seconde prêt, « surveiller » les heures qui me plaisent, etc. demeurent des choses qui m’obsèdent.
Je ne saurais dire si cela relève d’une simple fascination pour les nombres, ou plutôt d’une volonté de maîtriser ce qui nous échappe sans cesse…
Le changement est aussi quelque chose qui m’agace & que je vis généralement relativement mal (par relativement, comprendre à divers degré, en fonction du changement en question).
Exemple : j’aime beaucoup l’émission « Faites entrer l’accusé », présentée pendant longtemps par Christophe Hondelatte. Quand il a quitté le programme pour être remplacé par Frédérique Lantieri, j’ai détesté cette modification !!! Aujourd’hui encore, 2 ans plus tard, j’ai énormément de mal à regarder l’émission présentée par l’animatrice. Le pire étant que je n’aimais pas Hondelatte, mais j’aime encore moins le changement.
C’est plus fort que moi, dans ma tête ce programme est lié à lui & il ne m’est pas possible de le regarder sans y penser & sans le dire à mon z’homme, s’il regarde avec moi. Si je le pouvais, je le ferais réapparaître dans le décor de l’émission d’un coup de baguette magique, juste pour que tout rentre dans l’ordre
L’ordre, justement… j’aime archiver. J’ai besoin de structure logique pour me sentir bien. J’ai eu des périodes très obsessionnelles point de vue rangement, & puis comme le dit très justement cet adage :
Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants
Les bruits récurrents &/ou inconnus me sont toujours très difficilement supportables. Comme un tic-tac, un grésillement, un bruit dans une canalisation, le brouhaha des gens qui parlent, etc.
Cela m’empêchera de dormir, de me concentrer ou d’écouter quelqu’un qui me parle. Mon attention étant entièrement absorbée par ce bruit, que j’aimerais pouvoir stopper le plus rapidement possible. Imaginez donc la frustration lorsqu’on n’y peut rien, quand il n’est ps même possible de signaler ce problème, comme un jour d’examen par exemple…
quelques billets complémentaires pour mieux comprendre le syndrome d’Asperger :
- Shutdown & meltdown autistiques, quand le besoin de repli sur soi se fait pressant
- Avant, j’étais là ! Le syndrome d’Asperger faisait déjà partie de moi
- Chacun fait, fait, fait … c’qu’il lui plaît, plaît, plaît !
- Rencontre avec Alexandra Reynaud, “Asperger et fière de l’être. Voyage au cœur d’un autisme pas comme les autres” (Radio Notre Dame, avril 2017)
- Peut-on être à la fois surdoué & touché par le syndrome d’Asperger ?
- Dis-moi de quelle couleur tu es, je te dirai si tu es aspie…
A défaut je peux aussi gérer très bien la H12.
Ha la la… Et le pire c’est que toutes ces obsessions nous rassurent tellement qu’on y tient, que c’est une part de nous, de notre cocon. Moi aussi elles me dérangent énormément mais paradoxalement je les aime aussi et ça me fait du mal si on les critique.
Le fait de vouloir tout savoir des qu’on se passionne pour qqchose c’est nourrissant mais je partage ton sentiment sur la “lenteur” induite. C’est cette société qui ne nous est pas adaptée et non nous qu’il faut remettre en cause.
S’il fallait toujours être comme les autres il n’y aurait pas d’artistes, d’inventeurs…
Je vous remercie d’écrire à ce sujet. Cela éclaircie la vision des autres mères qui découvrent leurs grands ados atteinent…
En attente d’un diagnostique pour mon fils (18 ans et maintenant chez mamie à +700km) je vous lirai :gift: pour moi de vous avoir trouvé!
Humbly grateful
Cat
A la lecture des caractéristiques aspie, je me retrouve dans certains aspects…
Me vient une question: comment savoir si ces caractéristiques émanent du HP ou du SA ? Une personne HP ayant une faible estime d’elle même peut très bien se retrouver dans les caractéristiques aspie… Où se situent les limites ? Par exemple l’hyperesthesie liée au bruit, la notion de droiture et de justice ou encore la difficulté avec les codes, qui me semblent il sont aussi des caractéristiques HP ? Cela m’interpelle… HP /SA ressemblances/différences/limites/croisement des caractéristiques… d’autant que pour chacun des diagnostiques, on le sait, il sera forcément différent en fonction de la personne, de son degré… Existe t il un aspect spécifiquement inhérent aux personnes aspie et qui ne puisse être croiser aux HP ? Je ne sais pas si j’ai été claire (comme d’habitude ai je envie de préciser x )
Je vais donc continuer le long voyage dans la recherche de moi meme avec le SA.
Merci pour les articles de tes deux blogs.
Moi ma grande passion ce sont les kallax d’ikea, souvent, on me dit “tiens j’ai vu TES meubles cubes chez castomachin, tu veux qu’on y aille ?” et bien non, ce sont les kallax ikea que j’aime.
J’ai aussi des problèmes avec les pince à linge et le rangement dans le lave vaisselle : des alignements des regroupements par couleur ou par thème; à celui qui me dit que je chipote (combien de fois depuis ma naissance ?), je réponds que c’est bien plus simple pour ranger après.
Quand il m’arrive d’être très bordélique si je suis fatiguée (souvent) j’éprouve une grande relaxation quand il s’agit de ranger/trier.
Je n’aime pas quand ils changent les voix dans les séries, j’ai eu un mal fou à terminer friends mais il me fallait aller jusqu’au bout alors j’ai mis en VO avec sous titres et j’ai dû tout recommencer depuis le début.
Mais le plus handicapant ,le plus épuisant c’est que je ne peux pas m’arrêter tant que je n’ai pas fini une tache, un travail, un livre, une recherche, j’en oublie parfois de manger, il n’y a que l’endormissement qui me stoppe.
Mon cerveau tourne en boucle tant que je n’ai pas trouver la solution /la réponse, à un problème que je sens pouvoir résoudre. Je crois même qu’il continue pendant que je dors car je suis épuisée au réveil.
De même que steph (plus haut), je me demande où est la limite, enfant j’avais un QI supérieur à la moyenne, mais je n’ai pas exploité, trop introvertie avec une peur terrible des examens. Je ne sais pas si je suis aspie, je n’ai peut être que des traits mais je retrouve beaucoup de similitudes dans ce que vous dites, ça fait du bien de voir que l’on n’est pas tout seul face à ces “manies”.
Merci encore à vous, (et merci pour mon précédent message ).