Le syndrome d’Asperger… aujourd’hui, beaucoup connaissent le nom, sans pour autant réellement savoir ce qu’il englobe
Alors quelle définition donner au SA ?
Le syndrome d’Asperger n’est pas une maladie, comme on peut malheureusement le lire ou l’entendre si souvent dans les médias, encore moins une maladie psychiatrique ! Il n’est pas non plus contagieux, ni honteux. Enfin il n’est pas un déficit ou un handicap mental.
Il fait partie de ce que l’on appelle les « TSA », pour Troubles du Spectre Autistique).
En 1943, le pédiatre autrichien Hans Asperger étudie & décrit des enfants chez lesquels il constate un déficit de communication sur le plan non verbal uniquement. Dont une diminution de l’empathie & une certaine maladresse physique.
Mon prochain livre : “Asperger & fière de l’être. Voyage au cœur d’un autisme pas comme les autres.” qui paraîtra au mois de mars 2017, aux éditions Eyrolles
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les détails d’ “Asperger & fière de l’être”
Le souci étant qu’exactement au même moment, en 1943 également, le pédopsychiatre austro-hongrois Léo Kanner (qui s’est expatrié aux Etats-Unis près de 20 ans plus tôt) publie un article intitulé “Autistic Disturbance of Affective Contact” dans lequel il décrit des enfants atteints d’autisme sévère & les regroupe sous le nom de « dérangements autistiques du contact affectif », avant d’être rebaptisé par la suite « autisme infantile précoce ». On parle aujourd’hui d’« autisme infantile » ou encore d’« autisme de Kanner ».
Les travaux de H. Asperger ont été évincés par ceux, beaucoup plus médiatisés, de L. Kanner, & sont tout bonnement tombés dans l’oubli pendant des 10aines d’années. Il faudra alors attendre 1981 pour que la psychiatre britannique Lorna Wing exhume ces recherches. Les écrits d’Asperger seront enfin traduits en anglais par la psychologue Uta Frith en 1991 (seulement !!! ), avant d’attirer l’attention de la communauté scientifique, puis celle de l’Organisation Mondiale de la Santé.
Comme je l’évoquais plus haut, le syndrome d’Asperger fait donc partie du tableau des TED (pour Troubles Envahissants du Développement) & de l’autisme, selon la classification du DSM-IV (classification internationale F 845 au CIM 10) :
A noter que le DSM-V (pas encore sorti en France) apporte dans sa classification des modifications, très contestées, notamment concernant le SA. Le terme de “syndrome d’Asperger” disparaîtrait au profit d’une description comme étant une forme légère de TSA
Le SA, qu’est-ce que cela implique ?
Ce trouble est caractérisé par une altération sévère & prolongée de l’interaction sociale, ainsi que le développement de modes de comportements, d’activités & d’intérêts à la fois restreints, répétitifs & stéréotypés.
Dans le syndrome d’Asperger, il n’y a ni retard du développement du langage, ni perte significative des compétences développementales. Voici les symptômes qui constituent les critères diagnostiques du DSM-IV pour ce trouble :
A. Altération qualitative des interactions sociales, comme en témoignent au moins 2 des éléments suivants :
(1) altération marquée dans l’utilisation, pour réguler les interactions sociales, des comportements non verbaux multiples, tels que le contact oculaire, la mimique faciale, les postures corporelles, les gestes
(2) incapacité à établir des relations avec les pairs correspondant au niveau du développement
(3) le sujet ne cherche pas spontanément à partager ses plaisirs, ses intérêts ou ses réussites avec d’autres personnes (par exemple, il ne cherche pas à montrer, à désigner du doigt ou à apporter les objets qui l’intéressent)
(4) manque de réciprocité sociale ou émotionnelle
B. Caractère restreint, répétitif & stéréotypé des comportements, des intérêts & des activités, comme en témoigne au moins 1 des éléments suivants :
(1) préoccupation circonscrite à un ou plusieurs centres d’intérêt stéréotypés & restreints, anormale soit dans son intensité, soit dans son orientation (par exemple, fascination pour les horaires de train)
(2) adhésion apparemment inflexible à des habitudes ou à des rituels spécifiques & non fonctionnels
(3) maniérismes moteurs stéréotypés & répétitifs (par exemple, battements ou torsions des mains ou des doigts, mouvements complexes de tout le corps)
(4) préoccupations persistantes pour certaines parties des objets
C. La perturbation entraîne une altération cliniquement significative du fonctionnement social, professionnel, ou dans d’autres domaines importants.
D. Il n’existe pas un retard général du langage significatif sur le plan clinique (par exemple, le sujet a utilisé des mots isolés vers l’âge de deux ans & des phrases à valeur de communication vers l’âge de 3 ans).
E. Au cours de l’enfance, il n’y a pas eu de retard significatif sur le plan clinique dans le développement cognitif ni dans le développement en fonction de l’âge, des capacités d’autonomie, du comportement adaptatif (sauf dans le domaine de l’interaction sociale) & de la curiosité pour l’environnement.
F. Le trouble ne répond pas aux critères d’un autre trouble envahissant du développement spécifique ni à ceux d’une schizophrénie.
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Le syndrome d’Asperger est souvent accompagné de symptômes neurologiques variés non spécifiques. Les étapes du développement peuvent être retardées & on observe souvent une maladresse motrice.
Ce trouble serait plus fréquent chez les garçons. Il semble débuter ou être reconnu plus tardivement que l’autisme. A l’âge pré-scolaire, on observe un retard moteur ou une maladresse motrice. A l’âge adulte, les sujets ont des difficultés en ce qui concerne l’empathie & la modulation des relations sociales. Dans la vaste majorité des cas, le trouble persiste pendant toute l’existence.
Le SA, concrètement ?
Si cette forme d’autisme affecte essentiellement les interactions sociales & la communication avec le monde de manière générale ; le nombre & le type de symptômes, le degré de gravité de ces derniers, l’âge de leur apparition & le niveau de fonctionnement varient énormément d’une personne à l’autre.
Les difficultés de comportement, de communication & d’interactions sociales sont les manifestations communes au syndrome d’Asperger. Elles se retrouvent chez l’ensemble des aspies.
Parmi les éléments d’alerte & caractéristiques communes, tous ne se retrouvent pas chez l’ensemble des personnes positionnées sur le spectre. Ou, en tout cas, pas nécessairement à des niveaux identiques
Par ailleurs, les personnes présentant le syndrome d’Asperger ne souffrent d’aucun retard de langage étant enfant, ni d’aucun retard mental. Elles ont un QI qui peut aller de la norme basse au très haut potentiel (même si dans l’inconscient collectif, on associe souvent SA & haut QI)
L’altération des relations sociales a de nombreuses origines (déficit des codes sociaux, manque d’empathie, difficulté à identifier &/ou à décrypter les sentiments & les émotions chez les autres), mais aussi de nombreuses conséquences sur la vie de la personne touchée (difficultés à répondre de manière cohérente aux attentes relationnelles des autres, centres d’intérêt restreints & obsessionnels, routines, …).
Mais il faut cesser de croire que les aspies sont toujours identifiables au premier coup d’œil, loin de là
Si certains ont un discours pédant ou maniéré qui permet de les repérer rapidement, ce n’est pas pour autant un point qui se retrouve chez la totalité d’entre eux.
Si certains ne peuvent pas regarder leur interlocuteur dans les yeux, ce n’est pas non plus la réalité de tous, surtout arrivés à l’âge adulte ! Car la répétition, le travail réalisé dans les groupes d’habiletés sociales ou encore la haute intelligence permettent aux personnes concernées par le SA d’évoluer, tout au long de leur vie. Elles parviennent à acquérir au prix d’années d’effort ces codes qui peuvent leur faire défaut & donc à compenser, plus ou moins, leurs difficultés.
Les aspies font des études, ont une famille, un mari ou une femme, des enfants, conduisent, exercent un métier. On dit souvent, & à juste titre, que le syndrome d’Asperger est un handicap invisible
On estime également que le syndrome d’Asperger représenterait entre 15 & 20% des Troubles Envahissants du Développement.
De la même manière, les chiffres sur l’autisme, en général, varient beaucoup. On lit 1 enfant sur 150… parfois 1 sur 100… voire 1 sur 88 dernièrement selon une étude américaine (relayée par Le Monde) !?
Le SA toucherait beaucoup plus souvent la population masculine à savoir que l’on compterait huit hommes pour seulement une femme
Mais… je pense que les données chiffrées sont assez difficiles à obtenir du fait de la reconnaissance finalement très récente du SA, mais aussi du fait aussi de la difficulté à obtenir des diagnostics sur les adultes trentenaires & plus. Enfin la méconnaissance des aspergirls, souvent mieux intégrées & championnes du camouflage a probablement pour effet une sous-estimation, plus ou moins importante, des cas réels par rapport aux cas avérés (c’est à dire des femmes officiellement diagnostiquées) !
Ceci étant dit, il y a tout de même des pistes (génétiques, notamment) qui valideraient & expliqueraient au moins en partie pourquoi le syndrome d’Asperger touche plus d’hommes que de femmes
En 2003, une équipe de généticiens français a pu identifier des mutations de 2 gènes situés sur le chromosome X (ce qui pourrait alors expliquer qu’il y ait davantage de garçons aspies que de filles, comme on comptabilise davantage de garçons touchés par d’autres problèmes ou par des retards mentaux que de filles, alors que les gènes en cause sont situé sur le chromosome X) qui seraient liés au SA.
Il existe en tous cas une réelle difficulté (supplémentaire…) à établir un diagnostic chez les femmes, plus encore lorsqu’elles sont adultes, lorsque celles-ci ne cadrent pas avec le modèle masculin habituellement présenté. Or ce modèle est celui qui est connu & reconnu par les psychiatres et les neuropsychologues qui sont en charge des différents bilans…
Le syndrome est à ce jour encore peu connu en France, les diagnostics fiables sont difficiles à obtenir sans être réalisés par les “CRA” (pour Centres de Ressources Autisme). Ces centres, s’ils sont présents dans chaque région, ont des délais très longs & beaucoup abandonnent face à cette attente.
Cette émission, diffusée en juin 2013 sur une chaîne locale marseillaise, est à mon sens un excellent moyen, en plus de cette page, de comprendre le syndrome d’Asperger : [VIDÉO] Syndrome d’Asperger, le diagnostic
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Quelques idées reçues sur le syndrome d’Asperger :
- les aspies ont toujours un haut QI
Non, la caractéristique se borne à définir les personnes présentant ce trouble comme ne présentant pas de déficience intellectuelle. Leur quotient intellectuel pouvant aller de la norme faible (70) au très haut potentiel intellectuel (160, sur l’échelle standard).La confusion est, comme souvent, entretenue par les médias qui font généralement l’économie de préciser ce point & laissent entendre, en ne prenant en exemple que des cas d’aspies (T)HQI , qu’Asperger & haut quotient intellectuel vont synthétiquement de pair
- les autistes de haut niveau, eux aussi, ont tous un haut QI
Là encore, il y a confusion ! On parle de « haut niveau » pour définir des autistes dont le quotient intellectuel est normal ou supérieur. A ne pas confondre avec la notion de « haut potentiel intellectuel », qui se caractérise par un QI supérieur (à savoir, ≥ 130) « Haut niveau » ne correspond donc en aucun cas au seuil du surdouement, mais simplement à un QI pouvant aller de la norme basse au plus haut score de l’échelle de Wechsler (donc ≥ 70, jusqu’à 160). L’autisme dit de haut niveau se définit ainsi par stricte opposition à l’autisme sévère (également appelé autisme de Kanner), dont les sujets ont un QI ≤ 70.Pourtant la confusion, chez les gens comme dans les médias, est ultra fréquente… ils sont nombreux à croire que les autistes dits de haut niveau sont tous surdoués. Or, il n’en est rien Si certains le sont, d’autres peuvent aussi avoir un QI de 90 ou de 110 ! Dès lors que ce quotient intellectuel est supérieur à 70, on parle d’autisme de haut niveau
- les aspies n’ont aucune empathie & ne ressentent aucune émotion
En fait ce n’est pas aussi simple que cela ! Les aspies ont une forme d’empathie, qu’ils ne savent pas toujours analyser &/ou exprimer, ce qui est bien différent
Une personne présentant le syndrome d’Asperger avec un QI dans la norme aura un profil plus « fermé »(dans le sens de plus rigide, & moins disposé à évoluer facilement) qu’une aspie (T)HQI.Ce dernier se servira de sa grande intelligence, depuis son plus jeune âge pour compenser ses difficultés. Il apprendra à force de répétitions à « coller » (dans une certaine mesure) aux attentes des autres ds chaque situation. Un peu comme Sheldon Cooper (dans The Big Bang Theory ) qui, quand quelqu’un ne va pas bien, lui propose systématiquement une boisson chaude ! il a appris que c’était un signe de réconfort & sait que, dans ce cas précis, cela répondra aux attentes sociales.
A lire, ce billet à propos de l’empathie
- les aspies ne comprennent pas du tout les expressions imagées
Là encore, c’est assez caricatural. Cela peut être vrai (comme bien d’autres idées reçues d’ailleurs !) sur les asperkids (enfants exprimant le SA), mais pas vraiment sur tous les adultes.Il y a une énorme évolution (pour les aspies étant également à haut QI) tout au long de l’enfance & l’adolescence… aussi ce qui est vrai à 3 ans par exemple peut être tout à fait compensé à 15 ans & ne plus jamais poser problème par la suite !
Les spécialistes parlent d’« habituation », c’est à dire apprendre à se confronter à des situations qui posent problème (stress, panique, déficit d’attention, stéréotypies, etc.) pour réussir, à force de répétition, à les surmonter
Je crois qu’ils commencent à reconsidérer les proportions hommes/femmes aspies (il serait temps!), et donc à moins coller précisément au modèle masculin.
(je garde cette page sous le coude pour donner en documentation )
Il me semble qu’il existe des autistes de Kanner sans retard intellectuel, non ? Qui ne sont pas autistes “de haut niveau” car l’autisme constitue pour eux un handicap important, mais qui ont tout de même un niveau intellectuel normal voir supérieur ?
À part ça, très bonne définition
J’ai une grosse suspicion de SA pour moi. J’ai fait le même test que vous et il est de 149/200.
Je vais passer sur les détails qui me font penser que je suis bel et bien une aspergirl et m’encouragent à me faire diagnostiquer. Je précise juste que j’ai 28 ans et qu’à 15 ans, une psychologue m’a trouvé 131 de QI.
Mais lorsque j’ai vu l’image avec les six cases, j’ai ri. Car lorsque j’ai parlé de mes doutes à deux de mes plus proches amis, l’amie a eu une réaction à laquelle je ne m’attendais pas du tout.
Elle a semblé très excitée et m’a dit : “Céliiine! Tu es aspreger, c’est trop cool! Tu es comme Sheldon de the Big Bang Theory!” Le monsieur avec le t-shirt rouge en haut au milieu. Et le texte qui accompagne l’image, une fois traduit, donne: “Comment nos amis NT nous voient.” Dés que j’ai vu cette image, je me suis retrouvée projetée dans cette scène cocasse. :-)
Quel test avez-vous passé ? pouvez-vous me dire où le trouver ?
Très cordialement,
Christiane Tourraud
Ho, et j’ai 13 ans, juste pour préciser.
Avez vous deja fait ce genre de test? Permettent-ils de mieux comprendre son syndrome?
Je voulais vous remercier pour vos excellents billets sur le SA, TDE, TDA/H que vous faites sur vos blogs. Je vous suis assidûment sur les tribulations du zèbre et je dois dire que vos articles sont vraiment magnifiques.
Vos explications sont claires et simples pour des sujets aussi pointus ; c’est un régal !
Merci de partager votre expérience et vos lectures.
un grand merci pour ce blog, riche, actuel… qui combat cette pensée de l’ère paléolithique ….
qu’est ce qui peut m’empêcher de me réaliser affectivement a ce point
et enfin ,
j’ai toujours trouver incohérent mon incapacité a communiquer
tenant compte ,
de ma normalité de par ailleurs
Je participe à des séances de soutien scolaire,avec des élèves de la 6ième à la 3ième.
Dans ce groupe se trouve cette année ,un garçon de 4ième que l’on nous a présenté comme autiste Asperger.
Hier,ceux qui travaillaient non loin de lui m’ont demandé ce qu’était l’autisme Asperger.
Nous sommes allé chercher la définition sur internet car je ne voulais pas induire d’idées fausses avec mes propres mots.Mais finalement,ils n’ont pas compris ce qu’était un autiste asperger ,et en fin de compte moi non plus.
Il n’y a aucune différence apparente entre les autres et lui.Il a peut-être un discours un peu plus saccadé mais c’est léger.
Le contact visuel ne pose pas de problème,la proximité physique non plus.
Je craignais de le gêner car lorsque j’explique,je m’assieds à côté de l’élève et je ne fais jamais attention à la distance.Des la deuxième séance,il est venu spontanément participer à un jeu ,il s’agissait de remettre une phrase dans l’ordre ,et s’est approché normalement des autres.
Voilà.S’il s’est présenté aux autres comme autiste Asperger c’est probablement qu’il a été diagnostiqué ainsi mais nous,nous ne voyons rien ou pas grand chose.Il fait ses devoirs sans difficulté majeure.Je l’aide parfois mais comme j’aide les autres,ni plus
ni moins.
Pourriez-vous me donner une définition adaptée à des ado (avec du vocabulaire et des concepts simples) avec des exemples de la vie quotidienne pour que je puisse les renseigner de façon efficace car aprés mes explications ,ils ne comprenaient toujours pas ce que c’était.
Je vous remercie.
Je leur lirai votre réponse.
Mm
Sinon, oui, 115 est dans la norme, mais la norme haute, cela peut suffire à justifier une compréhension plus rapide que la moyenne.
tout est devenu clair, je comprend actuellement tout.
merci pour ce blog qui je trouve est génial.
votre point de vue et ce que vous vivez en tant qu’adulte asperger est important.
Très bon blog !
merci,
Eurydice