Je voulais vous parler d’un livre que j’ai adoré : « Dans la tête d’un génie »
Ecrit par Masha Gessen, journaliste russo-américaine, cette enquête nous entraîne à la découverte d’un personnage réellement hors du commun : le Dr Grigori Perelman
Si la journaliste n’a pas pu rencontrer l’objet de son livre, totalement retiré de la vie scientifique & publique, refusant de manière systématique toutes les demandes d’interviews ; elle a recueilli de précises & passionnantes informations sur l’émergence de ce génie.
Ce bouquin offre au lecteur une description peu connue du fonctionnement du système soviétique d’avant sa chute.
Un génie russe des mathématiques né le 13 juin 1966 à Saint-Pétersbourg (alors appelée Leningrad). Sa mère, intellectuelle juive & mathématicienne, renonce à sa carrière pour élever Grigori & sa sœur, Lena elle aussi devenue mathématicienne.
Recruté à 10 ans pour faire partie de l’école d’entraînement à la résolution de problèmes mathématiques, essentiellement destinée à préparer la compétition phare : les Olympiades Internationales de Mathématiques
A 16 ans, il obtiendra la médaille d’or avec un sans-faute. Cela lui ouvrira les portes de l’université, malgré l’antisémitisme des institutions, dont l’auteur rappelle le gâchis pour la science russe.
G. Perelman évolue donc dans cette ambiance compétitive aux de règles strictes. Il se montre évidemment doué dans l’exercice, mais surtout obéissant & inflexible. Au point qu’après la réussite, devenu entraîneur, il sera exclu pour avoir puni trop sévèrement des élèves ayant échoué…
Ayant la chance d’être mûr scientifiquement au moment où l’URSS s’effondre, G. Perelman partira au début des années 1990 aux Etats-Unis. De retour dans son pays, il se consacrera alors en solitaire à la démonstration du grand problème qui le rendra célèbre en 2002 : la fameuse « conjecture de Poincaré »
Il en fera la démonstration, sans prévenir & au détriment des règles imposées par le programme Hamilton ; en publiant sa démonstration directement sur Inernet (via le site arXiv)
Il résoudra également, en 2003, la conjecture de géométrisation de Thurston.
G. Perelman s’est vu décerner en 2006 la médaille Fields, une récompense qu’il a refusé. Mais il a aussi refusé un million de dollars, offert pour être le lauréat du prix du millénaire du Clay Mathematics Institute en 2010 ainsi que le prix de la Société Mathématique Européenne en 1996
Il s’est coupé du monde, & vit depuis des années avec sa sœur & sa mère dans un petit appartement de la banlieue sud de Saint-Pétersbourg, menant une vie ascétique.
« Il porte toujours le même manteau & pantalon défraîchis, ne se coupe jamais les ongles ni la barbe », a témoigné un voisin dans un journal russe.
D’aucuns affirment qu’il a tous les traits du syndrome d’Asperger. Comme on affirme aussi qu’Albert Einstein l’était, Bill Gates ou Leonard de Vinci sont/étaient des aspies.
Mais, sans mauvais jeu de mots, ce ne sont là que des conjectures
Si la personnalité & les « bizarreries » de Grigori Perelman me font aussi pencher très fortement pour le SA, personne ne peut être affirmatif, puisque rien d’officiel en ce sens n’a été communiqué. Ce n’est par conséquent qu’une hypothèse émanant de l’auteure.
« Pourquoi ai-je mis tant d’années pour résoudre la conjecture de Poincaré ? J’ai appris à détecter les vides. Avec mes collègues nous étudions les mécanismes visant à combler les vides sociaux et économiques. Les vides sont partout. On peut les détecter et cela donne beaucoup de possibilités… Je sais comment diriger l’Univers. Dites-moi alors, à quoi bon courir après un million de dollars ? », a dit-il déclaré au quotidien russe Komsomolskaïa Pravda le 29 avril 2011, avant de retomber dans le mutisme le plus total.
Voilà donc un livre qui nous plonge dans le monde mystérieux de cet homme, absolument fascinant !!!
2 réponses à Dans la tête d’un génie