Ce matin je partage 2 articles parus sur le syndrome d’Asperger : l’un en France dans Paris Match, l’autre au Québec dans l’Indépendant
Une manière de toucher du doigt, concrètement, l’énorme différence de compréhension & de considération de ce trouble du spectre autistique chez nous, & outre-Atlantique
Dans l’article français, voici ce que l’on peut lire (article qui, je le précise d’emblée, est bien écrit à propos du SA & non d’une autre forme d’autisme ! Comme le montre le visuel que j’ai capturé & comme l’indiquent les premiers mots cités en extrait ci-dessous) :
Il n’existe aucun traitement pour soigner le syndrome d’Asperger. Les éducateurs spécialisés peinent souvent à communiquer avec des enfants parfois emmurés dans leur silence. Au contact du robot français Nao, les autistes semblent s’animer sans appréhension. Une première récente en France, mais déjà étonnante.
Assis face à Nao, Angel, 10 ans, regarde le petit robot droit dans les yeux – deux cercles de lumière – et échange posément avec lui. D’ordinaire, face à des humains, son regard s’échappe sur les côtés. Un symptôme classique de l’autisme.
[…] Comment peut-on le soigner ?
Il n’existe pas de traitement. Face à ce handicap, c’est la prise en charge précoce, avec des méthodes éducatives spécifiques, qui permet d’aider l’enfant à développer son langage et à faciliter ses interactions avec le monde qui l’entoure.
Le portrait brossé par cet article n’est pas du tout celui d’un enfant Aspie !
Si le nom de syndrome d’Asperger fait vendre (comprendre par là attire des lecteurs & des clics sur le site de Paris Match…), l’article mélange allègrement le SA & l’autisme sévère, le SA & l’autisme de haut niveau.
Il est évident que la journaliste n’a pas pris le temps de se renseigner sur les différentes formes d’autisme, pourtant très éloignées sur les points précis qu’elle met en exergue dans son papier…
Un asperkid n’est pas “figé” comme nous l’explique son auteure, Cécile Dumas ! Pas plus qu’il n’a besoin de “méthodes éducatives spécifiques l’aidant à développer son langage” car il n’est en aucun cas (!) “emmuré dans son silence”
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De l’autre côté, que trouve-t-on ? Un article qui met en avant un autiste Asperger dynamique & autonome, qui a fait des études, qui a crée son entreprise & ouvert des commerces
De même l’article souligne que cet Asperger, Nicolas Martineau, “se bat contre les préjugés“. On sent que le ton de ce texte est tout entier dans cet état d’esprit, ce qui est à l’opposé de l’article français qui lui mélange tout & fait passer les personnes avec autisme pour des personnes déficientes :-|
Nicolas Martineau a créé son propre emploi il y a presque 5 ans. Aidé de sa mère, Lynda, il a ouvert une crèmerie, à Saint-Amable, puis, plus récemment, un magasin de bonbons baptisé Le bon goût glacé. Bonbons sucrés. Cet homme d’affaires n’est pas comme les autres: il est atteint du syndrome d’Asperger, un trouble envahissant du développement qui fait partie de la famille de l’autisme.
Cette étiquette, il la porte depuis 29 ans. Il se bat contre les préjugés, et surtout, pour lui-même, pour être heureux. Avancer dans la vie, travailler et être autonome sont ses défis au quotidien.
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Cette différence dans la façon d’envisager l’autisme peut paraître accessoire, mais elle ne l’est pas.
Elle fait au contraire toute la différence dans les médias, mais aussi & surtout dans les esprits (du grand public, des enseignants, des professionnels de santé… bref, de tous les gens qui croiseront notre route)
Un 3ème article, paru en octobre dans Les Echos explique très bien à quoi tient cette différence de traitement : “L’autisme, une autre forme d’intelligence ?”
Et si l’autisme n’était pas une déficience, mais une différence ? C’est ce que soutient un courant de pensée né aux Etats-Unis et encore méconnu en France : la « neurodiversité ».
Docteur honoris causa de l’université de Montréal, la chercheuse canadienne Michelle Dawson est une spécialiste mondialement reconnue de l’autisme. Ses dix années de recherche sur le sujet l’ont convaincue qu’il fallait complètement changer notre regard sur ce trouble du développement dont la prévalence ne cesse de s’accroître d’année en année (lire ci-dessous).
Malgré leurs difficultés à interagir et à communiquer, malgré leurs comportements répétitifs, les autistes, affirme Michelle Dawson, ne sont pas des versions défectueuses de monsieur et madame Tout-le-Monde. Leur fonctionnement mental n’est pas déficient, mais différent.
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Position développée par le Pr Laurent Mottron & son équipe dans cet incontournable ouvrage “L’autisme, une autre intelligence. Diagnostic, cognition et support des personnes autistes sans déficience intellectuelle”
Mais aussi largement évoquée dans l’excellent dernier livre de Temple Grandin : “Dans le cerveau des autistes”
(c’est pour ça qu’on fait de notre mieux avec d’autres aspis pour faire de la communication….là on va refaire une conférence bientôt pour parler de nous, tout simplement, notre quotidien avec le SA, ça parait anodin comme ça mais c’est déjà énorme, car bien des gens pensent encore qu etre asperger c’est se balancer /crier ou être enfermé… y’en a marre. Nous on est aspis, on fait des études, on a des familles, on a des passions…)
Tout ce qui est différent fait peur surtout quand cela est lié à l ‘ inteligence qui cristallise beaucoup de phantasmes.
Personnellement j’ai découvert que je suis aspi après 40 ans grâce à mon enfant.
un traitement par Seroplex à 10 mg par jour m’ a beaucoup aidé dans mes relations sociales. Ce n’est pas pour gommer mon Aspi mais pour être plus compatible avec la société.
Je ne souhaite pas que mon enfant soit traité. Son cerveau doit se développer naturellement et il fera comme il veut quand il sera adulte.
J’ espère que mon partage de vécu pour éclairer certains.
Bonne adaptation à tous les Aspi soirs dans cette société qui ne nous connaît pas…