Shutdown & meltdown autistiques, quand le besoin de repli sur soi se fait pressant

Shutdown & meltdown autistiques, quand le besoin de repli sur soi se fait pressantJ’ai toujours été très solitaire. Vraiment solitaire, pas juste pour faire bien sur le papier ou dans une conversation. Profondément solitaire & secrète.

Je n’ai pas attendu d’être diagnostiquée comme présentant le syndrome d’Asperger pour m’en apercevoir. Mais mettre des mots sur cette particularité m’a assurément permis de mieux la comprendre.

La plupart des gens ne savent pas ce qu’est la solitude, la vraie. Ils croient la connaître mais n’en ont qu’une vague idée, souvent caricaturale. Bien sûr elle leur semble familière. Ils savent ce qu’elle recouvre, en apparence. Mais je me suis toujours très vite rendue compte que, parmi ceux que j’ai pu croiser sur ma route & qui se disaient volontiers “solitaires”, bien rares étaient ceux réellement concernés.

La majorité restant bien dans les clous à tous points de vue, affichant bande de copains, réseaux actifs & famille ultra présente. Une vie sociale bien ordinaire, qui se drape de solitude pour se donner une certaine consistance :hum:

Personne ne le sait quand je ne vais pas bien. Pas plus que quand je vais bien du reste.
Parce que ça ne regarde que moi, & que je n’ai jamais eu pour habitude ou pour besoin de m’épancher, de pleurer sur l’épaule de quelqu’un :!:

Bien au contraire, quand ça ne va pas, je suis encore plus distante du monde. Mon élan naturel a toujours été le repli sur moi-même & le silence. À quoi bon étaler ses problèmes, cela ne les résoudra pas.
Et puis la simple idée de devoir les exposer me fatigue & augmente mon envie de fuir.

Cela pourra certainement sembler prétentieux à quelques lecteurs, mais j’abdique déjà la plupart du temps – lâchement – devant l’incompréhension des autres face à une simple idée développée (simple, à mes yeux…).

Depuis mon plus jeune âge, la lenteur intellectuelle des gens m’a toujours fatiguée. Ce manque de vivacité qui faisait que je les trouvais presque toujours tellement bêtes & limités, est ma hantise. Et ce alors que je ne me savais pas encore THQI (à Très Haut QI – je ne l’ai appris qu’à 29 ans, comme je le conte dans “Asperger & fière de l’être. Voyage au cœur d’un autisme pas comme les autres“).

Je me demandais d’ailleurs pourquoi ils paraissaient si mous, pourquoi ils ne saisissaient pas d’emblée ce qui prenait vie dans ma tête tel un tourbillon de bulles. Cette effervescence de pensées qui mélangeait sons, couleurs, textures & odeurs ne les touchait pas. Je m’en rendais compte, sans m’en expliquer l’origine ou le sens.

Aujourd’hui encore, je fais la plupart du temps l’économie de longues explications quand je le peux. Mais dans la mesure où je n’excelle pas dans les répliques phatiques (même si je me suis largement améliorée, depuis 37 ans que je les observe, les classe mentalement dans l’hypothèse de devoir – un malheureux jour – les ressortir), mêmes les discussions courtes me sont pénibles parfois. Elles sont si inutiles.

Quand il m’est impossible de me dérober, c’est généralement douloureux moralement dès que je perçois les premières difficultés dans l’échange. Et quel meilleur exemple de dialogue impossible – ou a minima compliqué – que celui que l’on doit parfois avoir avec l’administration (française, bien que je me doute qu’en dehors de nos frontières, les difficultés soient plus ou moins les mêmes  :pff: ).

J’ai ainsi dû me confronter à cela pour un bug informatique du côté de l’assurance maladie vers ma couverture, découvert par mes soins au mois de mars, & durant en réalité depuis le mois de novembre. Malgré le fait que l’erreur soit reconnue & pleinement imputable à l’assurance, il m’a fallu gérer les conséquences. Personne n’allait le faire pour moi !
C’est à dire appeler un nombre incalculable de fois différents services, être mise en attente, répéter encore & encore l’histoire, rappeler les références, faire suivre ces conversations de courriers recommandés.

Nous sommes fin juin & enfin, la situation est entièrement régularisée. Que de temps & d’énergie perdus, passés à l’as pour moi. Ce pédalage dans le vide est typiquement le genre de choses qui provoque chez moi une lassitude phénoménale. Et lorsque le moral est bas, je n’ai pas envie de parler, encore moins d’écrire.

J’ai juste besoin d’être complètement seule, dans mon monde, dans le silence. Me retrancher dans mes centres d’intérêts, sans la moindre interaction, ni sollicitation est vital dans ces instants-là.

Et si je ne le peux pas, ça se passe très vite assez mal. J’enchaîne connerie sur connerie, tout ce que je touche, tout ce que j’approche capote, merde, se casse, me heurte ou brûle. Les choses me glissent des mains, mes gestes font par automatisme une partie de ce qu’il y a à faire mais sans être connectés à mes pensées. Le résultat est généralement déplorable & renforce, qui plus est, mon mal-être :fbsad:

Car j’aime maîtriser au maximum ce qui m’entoure. Cela me rassure énormément.
Maîtriser, planifier, organiser. Ces mots sont mes meilleurs amis ! Aussi quand tout m’échappe & que mon attention n’est plus égale à celle qui est la mienne en temps ordinaire, la frustration est incommensurable.

Je sais que dans ces moments-là, je suis un vrai boulet. Et qu’il est préférable – pour tout le monde, croyez-moi ;) – que j’aille hiberner dans ma grotte le temps nécessaire. Une retraite me permettant de revenir à une position acceptable. En d’autres termes : rétablir l’équilibre de mon monde intérieur :up:

Shutdown & meltdown autistiques, quand le besoin de repli sur soi se fait pressant

Aujourd’hui, je me fais violence pour rédiger ce billet & le publier, parce que je me connais très bien, & je sais que cet état peut s’installer insidieusement.

Il peut facilement durer dans le temps si je ne me force pas à en sortir.

Non qu’il me soit agréable, mais il ne m’est pas inconfortable en réalité. Je vis très bien en tête à tête avec moi-même. Je ne m’ennuie jamais.

Le souci vient d’ailleurs de là : je pourrais aisément rester ainsi.

Écrire fait moins office d’exutoire que de remède dans le cas présent. C’est une manière, la mienne, de rompre cette réserve qui ne me fait plus avoir goût à rien qui implique d’autres personnes. Je n’ai pas envie de lire ce que les autres écrivent, pas envie d’écouter leurs histoires, je sature des messages qui me parviennent.
Mêmes les personnes les plus proches de moi sont tenues à distance dans ces crises autistiques.

Elles ont évolué au fil des années. Elles ne sont tout à fait plus les mêmes aujourd’hui que celles que je connaissais durant mon enfance, ou mon adolescence. Elles ont évolué, comme j’ai moi-même considérablement évolué au fil du temps. Cependant elles font encore partie de ma vie. Et le feront sans doute toujours, dans les pires moments au point de devenir insoutenables.

J’ai appris à les affronter, seule, & instinctivement. C’est l’un des désavantages du diagnostic tardif (à 32 ans dans mon cas, il y a plus tardif, mais il y a aussi bien plus précoce !) : on a appris à se débrouiller face à ces bizarreries. Ou pas…

Pour décrire ce qui me traverse, on pourrait sans doute dire que c’est un immense ras le bol. Cela suffirait peut-être à dépeindre la situation aux personnes qui ne la vivent pas. Pourtant le tableau est bien insuffisant. Il n’est qu’une esquisse ; & la réalité est plus sombre.

Le terme exact est “shutdown”. C’est grosso modo une crise amenée par une surcharge, un trop plein. Qu’il ait lieu sur le plan sensoriel (trop stimuli, trop de bruits, trop de monde), sur le plan intellectuel (un afflux d’informations trop important, des consignes imprécises ou contrariantes) ou encore sur le plan relationnel (des codes difficiles à identifier, à traiter, à déterminer). Voire sur les 3 plans à la fois, dans les cas les plus sévères :fbblue:

Certains autistes Asperger craquent sous forme de crises de larmes. Il évacuent ainsi la tension accumulée. Moi, très rarement (à moins d’être véritablement épuisée depuis des semaines).
D’autres vont plutôt vers la colère, le besoin d’exploser, de crier. Chacun est différent & aura une manière personnelle de réagir.

En cas d’impossibilité de calmer cet épisode shutdownesque en s’isolant, en se calfeutrant dans sa bulle, un(e) aspie courra à grandes enjambées vers le “meltdown”, c’est à dire l’effondrement intégral. Sorte de pétage de plomb complet, de fusion, de court-circuit dramatique & autrement plus grave que le (presque inoffensif) shutdown :?

C’est pourquoi je crois qu’il vaut mieux (apprendre à) s’écouter, avant que le meltdown ne s’en mêle & ne durcisse dangereusement les paramètres de la crise originelle.

Ces jours-ci par exemple, la canicule qui touche la région Rhône-Alpes Auvergne où je vis me complique affreusement la vie. Je souffre intensément de ces très hauts pics de chaleur qui ne faiblissent pas même la nuit. J’ai horreur des variations de température (je rêverais d’un monde où il fasse 20°C toute l’année, sans changement & sans saison  :love: ).

Ces températures m’empêchent de dormir. Comme je l’explique dans “Asperger & fière de l’être“, j’ai le sommeil soumis à des conditions très strictes, mais ce temps de repos m’est absolument indispensable. Sans lui, je suis fragilisée, & bien moins encline à compenser.
Ce qui favorise les crises & rend plus rude la récupération pour éviter le meltdown.

Depuis quelques nuits, j’ai trouvé un moyen d’apaiser quelque peu ces irrégularités dans ma routine nocturne. Je me laisse bercer par les documentaires de France Culture, ce qui m’autorise à lâcher prise & (légèrement) oublier la moiteur de ce début d’été.

Ceci dit, je n’aurais rien contre un vent de fraicheur. Je dois dire que même en me levant à 05h00, cette chaleur m’insupporte au plus haut point  :oops:

Citation d'Asperger et fière de l'être


 

:finger:  quelques billets complémentaires pour mieux comprendre le syndrome d’Asperger :

 

✏ Et pour aller au-delà du blog, je suis l’auteure de trois ouvrages parus aux éditions Eyrolles :

– “Asperger & fière de l’être. Voyage au cœur d’un autisme pas comme les autres“. Un regard unique en France sur le combo syndrome d’Asperger / haut potentiel intellectuel, paru en 2017 & préfacé par Laurie-Anne Sapey-Triomphe & Laurent Mottron ❤

 

– “Les Tribulations d’un petit zèbre. Épisodes de vie d’une famille à haut potentiel intellectuel” paru en juillet 2016, préfacé par Arielle Adda & Gabriel Wahl :-D

– “L’Enfant atypique. Hyperactif, haut potentiel, Dys, Asperger… faire de sa différence une force“, paru en 2018 dans la collection très particulière (& en quadrichromie ;) ) “Parents au top” :smile:

          
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A propos Alexandra Reynaud

Twice Exceptional 【aspie HPI】&【synesthète】, diagnostiquée à 32 ans ◦˚ஐ˚◦ Ex-blogueuse & conférencière • Auteure aux éditions Eyrolles
Ce contenu a été publié dans Journal d'une Aspergirl, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

23 réponses à Shutdown & meltdown autistiques, quand le besoin de repli sur soi se fait pressant

  1. Aurore dit :
    Ton texte est très touchant. Je te remercie d’avoir pris la peine de mettre des mots sur ce que tu ressens et de partager le tout avec nous. Si certaines choses expliquées me sont tout à fait familières, d’autres ne le sont pas du tout donc te lire me permet de mieux comprendre autrui et donc, en quelque sorte, de comprendre un peu mieux le monde.
  2. Françoise dit :
    Merci de nous prêter tes mots.
  3. Patrick Misse dit :
    Le temps du refuge est un temps nécessaire… Mais il y a une chose que tu dois savoir Alexandra…. C’est que beaucoup de personnes pensent à toi , te remercie pour ton oeuvre, pour ton aide, pour ton empathie, pour ta sensibilité, pour ton don de toi…. et te souhaitent de tout coeur d’être heureuse….
    • Cassagnes dit :
      pleinement d’accord avec Mr Misse ( que je n’ai pu aller voir à la roche blanche, regrets) et je te souhaite, Alexandra, la meilleure interface avec ce monde.
      Tu le mérites amplement;
      Merci à toi.
      Prend soin de toi
      Michel
  4. Wendy dit :
    Merci pour ce billet qui tombe à pic… pour mettre des mots sur ce que je ressens depuis hier soir (la journée d’hier ayant été très éprouvante pour moi).

    Bon ressourcement à toi :-)

  5. Mathieu dit :
    Merci d’avoir mis des mots sur cet exaspérant bout du rouleau sensoriel. Quand je force trop, il m’est arrivé de regarder mon triptan emballé en pleurant parce que je ne savais plus comment l’ouvrir. Avec la chaleur et le manque de sommeil, la bêtise humaine, et fils qui mange bruyamment vers 7h du matin, surtout le dimanche, j’étais au bout de ma vie
  6. LN dit :
    Ola tout le monde,
    Je ne sais pas si je suis Arperger ou non mais cette surcharge suivie du repli que tu décris si bien Alexandra est effectivement difficile à vivre, j’en fais l’expérience régulièrement. Avec par dessus tout ça, une lenteur cognitive ambiante qui peut effectivement devenir vraiment exaspérante.
    Ce besoin de tout contrôler dont tu parles, c’est juste la peur qui, tapie derrière tout ça, montre son vrai visage lors de ces crises.
    Il me semble – et ce n’est que mon point de vue – que pour éviter d’en souffrir, pratiquer la maîtrise (et non le contrôle) est justement d’accepter ce décalage émotionnel ou intellectuel pour mieux s’en détacher.
    Laisser faire l’instant.
    Je prend le temps d’attendre ce qui vient en face de moi même si je connais la réponse qui me semble totalement évidente, comme je laisse glisser les pensées tourbillonnantes, cette hyperesthésie souvent ingérable de stimulis divers et variés que je n’essaie plus ni de comprendre, ni de contrôler. Tout ce trop plein (ou pas assez) qui me traverse avec le mal-être qui s’en suit ne s’enquiste plus. Grâce à ce fameux “lâcher-prise” proche de l’état de méditation, je vis de mieux en mieux ces moments difficiles qui s’espacent et dont l’intensité décroît. Je les accompagne le temps d’une rencontre expérientielle et les laissent prendre ensuite un autre chemin quitte à me retirer de manière ultime dans mon “sanctuaire” de solitude (écriture thérapeutique) d’où je sais que je reviendrai. Je connais parfaitement le processus et ne cherche surtout pas à l’éviter, juste le vivre avec le plus de détachement possible. Si on prend suffisamment de recul, on finit par le reconnaître assez facilement et le voir venir de loin.

    Voilà ma petite recette qui est ce qu’elle est mais qui fonctionne pour moi. Si elle peut servir à d’autres…

    • Pomme dit :
      Exactement les mots pour dire vers quoi je tends, avec un déclic d’avance qui va m’aider à y aller plus sûrement : merci pour ce commentaire, qui m’apporte davantage que le texte qu’il commente.

      Moi non plus je ne sais pas si je suis aspie ou autre chose (je ne sais pas non plus si j’ai envie de me lancer dans un nouveau long parcours et une nouvelle longue attente pour un diagnostic-ou pas- qui changera quoi, à bientôt 50 ans…? Je suis sourde implantée, et je sais que mes spécificités relationnelles et sociales viennent “aussi” énormément de cette condition ; mais étant également très réactive, hypersensible (physiquement, psychologiquement), migraineuse à un point handicapant, et avec un enfant TED et un aîné de 10 ans qui est passé au travers de tout dépistage mais qui me semble réunir bien des caractéristiques de HP… Bref !), mais je crois que beaucoup de personnes rencontrent ce type de “plantages”, aspies ou pas !…
      Par ailleurs je trouve aussi que beaucoup de personnes diagnostiquées considèrent ceux qui ne le sont pas, systématiquement comme des billes ou des boulets, et oublient que tout le monde a des problèmes, différents pour chacun, gérés différemment pour chacun et d’une fois sur l’autre, et tout ça manque trop souvent singulièrement de tolérance et de compréhension !
      C’est ce que j’essaie de faire comprendre actuellement à mon fils de 10 ans, diagnostiqué TED à 3ans (et pour l’instant rien de plus approfondi), que j’ai beaucoup protégé pour qu’il puisse se comprendre et se connaître lui-même à l’abri -relativement- des perturbations du monde : ce n’est pas parce que l’on a soi-même des besoins, aussi grands et impérieux soient-ils, qu’ils passent absolument toujours avant ceux des autres … Parfois les autres aussi sont juste fatigués, et ne peuvent pas compenser pour nous. Parfois eux aussi sont intelligents, et parfois même davantage que nous, parfois on a affaire à des cons finis qui nous pompent l’air … On trouve de tout dans le monde et il faut faire avec !
      :fbangle:

      • LN dit :
        Tout à fait d’accord.
        Je dirais même plus : on est tous l'”étranger” ou le “con” de quelqu’un. Accepter l”altérité (et la nôtre propre en premier lieu) est le noeud gordien de notre condition humaine. Tous différents mais tous une pièce indispensable du grand puzzle. (Même les “cons finis qui nous pompent l’air”. :fb;): . Si ils n’étaient pas là, il y aurait un grand trou n’est-ce pas ?)
        Merci pour ce témoignage et au blog d’Alexandra qui permet ce débat.
  7. ah dit :
    Intéressant de me retrouver totalement dans ce passage; hormis le besoin d’organisation etc; au contraire, la discipline ne m’est pas possible. Pour le reste, je le décris également, presque de la même façon, et pourtant, je n’ai a priori pas de TSA. J’avais d’ailleurs fait ton test de dépistage (les expressions par le regard), et scoré bien loin d’un niveau autistique… Moi aussi ma capacité croissante à ne plus faire d’effort social m’inquiète un peu… Mon isolement est grand, mais me va la plupart du temps comme un gant. C’est un besoin impératif depuis que je suis petite. Par contre contrairement à toi je n’ai personne à part mes enfants dans ma vie, et une très bonne amie qui vit à l’étranger, donc on se parle rarement. Et je crois qu’il manque donc de l’amour, de la bienveillance, de la reconnaissance, dans ma vie. Comme de l’essence à mon moteur.
  8. Esqueme dit :
    J’ai le même fonctionnement que toi et les mêmes mots pour les décrire, pas grand chose à faire à part s’apprendre et s’auto-contrer, prévoir la débacle à venir, tout ce trop.

    Bon courage.

  9. Paquerette dit :
    Merci pour ton témoignage qui donne un peu plus de légitimité à cette solitude que tu décris si bien, qui m’est indispensable depuis toute petite et qui est souvent mal comprise de mon entourage.
    Je ne suis pas diagnostiquée Asperger. Cette solitude est elle spécifique aux troubles autistiques ?
  10. je connais ça, tout maitriser pour qu’il n’y ait aucun grain de sable dans la routine, prévoir tous les cas de figure possibles, accidents, vaisselle cassée, dès que les éléments extérieurs prennent un autre chemin et viennent perturber le petit train qui tourne dans ma tête. Fuir pour arrêter de se forcer à avoir des rapports sociaux avec des personnes dont on ne comprend rien, c’est le risque aussi de l’isolement … ma psy n’a pas peur pour moi, alors, je vais continuer. Actuellement ce sont mes enfants qui sont les grains de sable, chaque sollicitation est vécue de manière très violente pour moi, mais là il n’y a que le temps avec l’acquisition de l’autonomie qui pourra m’aider !
    • Pomme dit :
      :like:
      (je like, comme sur Fb, et après je sors !)
      moi aussi je vis avec une certaine culpabilité le fait de ressentir parfois mes enfants, surtout le plus jeune, comme un grain de sable dans ma mécanique subtile et fragile : c’est quand j’aurais besoin d’un moment pour me rassembler, et que ce n’est pas possible à cause de ma casquette de mère (Je les aime plus que tout pourtant !!)
      Je ressens mes rarissimes amis de la même façon, et ma famille aussi bien souvent.
      Je crois que beaucoup d’entre nous sont comme ça, mais comme c’est plutôt “honteux” en regard des standards actuels en vogue dans la société, on garde tout ça pour soi, on n’essaie pas d’expliquer cette tare …!
  11. Laurent dit :
    J’ai beau avoir été diagnostiqué non-autiste non-asperger deux fois, je retombe toujours dans la fascination des écrits d’Alexandra, tellement j’ai chaque fois l’impression qu’elle parle de moi, qu’elle parle pour moi.
    Ai-je construit une sorte de syndrome péri-asperger à partir de ma propre névrose, rhabillée par mes innombrables lectures ? Suis-je un vrai aspi qui a développé tout au long de mes 58 dernières années toute une panoplie de trucs, de gadgets comportementaux, de bretelles sociales, au point de sonner désormais négatif ? Je ne sais pas.
    Je sais que je vous lis toutes et tous avec plaisir et réconfort, et que je me sens moins seul.
    Puis j’atteins la vitre blindée qui me sépare de vous, et qui m’immobilise.
  12. Zteph dit :
    Je viens de m autodiagnostiquer asperger.
    C est bizarre ce nouveau terme pour expliquer toute l histoire de ma vie….
    Je connais très bien ce besoin de couper les ponts. D être seule avec soi même, je viens justement de “fermer provisoirement” mon Facebook pour la 150ème fois, seul endroit où je communique depuis 4 mois (J ai quitté mon emploi et ne vois plus personne). J ai besoin de ces breaks…
    Je pensais être seule, je m aperçois que nous sommes légion!!! :)
    ca me rassure… Un peu!!!
    Merci pour ton blog!!! :)
  13. cynthia dit :
    Merci infiniment! ce que vous dites, toutes et tous, me bouleversent tellement que je n’arrive pas à tous vous lire car l’émotion m’envahit…Je suis pleine de tristesse et de bonheur à la fois. Triste car je ressens tellement fort cette solitide, nécessaire et implacable qui est mon seul refuge lorsque ce n’est plus supportable… ! et heureuse de voir que je ne suis pas si seule puisqu’on est si nombreux à ressentir toutes ces émotions.
    C’est vrai aussi que au tout début, ce sont les mots de Sheldon qui m’ont mis sur la voie… et puis les vôtres… Encore merci pour vos partages!
  14. kate jousse dit :
    la solitude, mon seul pays, en autonomie, dans mon univers silencieux secret et autonome, où je passe le même CD, toujours sur 10, depuis des mois…solitude magique, ma vraie solidité, ergonomique, logique, géométrique, en bleu, profonde et bienfaisante, ma solitude sans laquelle je serai morte depuis 62 ans,
    tes mots résonnent, et touchent , comme une petite soeur…une fille, une jumelle, en tout cas, c’est la même vie, quasiment
    merci du partage for intelligent
    Kate, Toulouse, 62 ans, diag en cabinet de neuro psy il y 18 mois, après avoir, par hasard , sur les conseils de ma généraliste, consulté ORL pour hyper acousie très handicapante.
    diag comme une naissance à moi même, à ce monde dans lequel je naviguais sans boussole, sans rien comprendre, de rejets en fuite, en gamelles, toujours relevée, souvent blessée, épuisée mais toujours dans la course, libre, ivre de lire et d’écrire, en recherche perpétuelle de solution, efficacité etc, trop rapide, trop trop trop…..
    le diag suivi de trois mois de pleurs de soulagement, de pardon, de déculpabilisation, de détricotages secrets, ne change rien à mon cerveau, à mes réflexes neuronaux, mais en revanche, change mon regard, ma perception de moi même,
    je vais me procurer ton bouquin et lire tout ce que tu as écris
    j’écris, aussi, bien sûr
    à plus…résiste à l’infernale température, pour ma part, au dessus de 21° je cherche déjà mon air, alors 38°,40° ces jours ci à Toulouse, c’est un calvaire
    biz :love: :heart:
  15. Da Silva dit :
    Comme dit plus haut, merci de nous prêter vos mots. En ce qui me concerne je me reconnais pleinement.

    J’attends depuis deux ans une date au CRA.

    En ce moment, je suis en arrêt. Fatiguée. Je n’arrive même plus à penser aux choses simples. Dans ces moments-la, je suis incapable de quoi que ce soit, même les choses les plus simples. Mais je suis obligée de m’arreter avant de m’effondrer et perdre totalement le contrôle.

    J’ai un médecin compréhensif. Mais tant que la date du CRA n’arrive pas, elle explore les autres pistes. Dépression, problèmes de reflux qui entraînent des manques de sommeil, suspicion de diabète. La dernière en date et toujours en cours, l’apnee du sommeil, avec la promesse que la machine pour dormir résoudra mes problèmes…

    Mais je sais au plus profond de moi que ce n’est pas ça. Que l’explication est là, simple, logique.

    Quand je vous lis, l’zvidence me saute aux yeux.

  16. Drôle d'oiseau dit :
    Repli dans la grotte, caverne, silence. Les émotions se remettent en ordre comme une solution qui précipite dans le tube à essai : décantation. Après, on y voit plus clair et l’on peut répondre à la situation, si elle n’a pas trop bougé entre temps.

    C’est vrai que c’est bon. Le silence.

  17. Nath dit :
    Un confinement révélateur,

    Je voulais simplement vous remercier pour tout ce que vous faites pour expliquer ce syndrome et ses particularités à ceux qui veulent bien et à ceux qui ont besoin de s’y intéresser.
    Vos articles ne sont pas récents et je m’aperçois tristement que les choses n’ont pas tant évolué.

    Le shutdown est pour moi le seul remède à un éventuel trop plein et/ou si je n’arrive pas à mettre mon cerveau sur off, l’isolation par la musique dans les oreilles, caler ma respiration sur le rythme et laisser aller, ne plus penser, ne ressentir que cette musique et tout ce qu’elle apporte.

    Pas sure de faire le diagnostic, le chemin me parait long et épuisant, je suis déjà épuisée, peut être plus tard si j’en éprouve un réel besoin. Votre petite note sur le fait de “savoir” amène à réflexion.

    Un burn out à 52 ans, mon premier vrai psy (vs psy scolaire) et ces deux mots qui résonnent dans ma tête : pré asperger et douance….. je ne sais pas bien encore exactement ce que ça signifie et pourquoi ce “pré”, (je pense qu’on l’est ou qu’on ne l’est pas) mais ça me ressemble en tout cas. ;) ON se ressemble. :)

    Je lis et je continuerai de lire avec beaucoup d’attention et d’émotions ce que vous publiez et votre livre est dans un panier virtuel, il attend… encore un peu… que je me décide.

    Merci encore à vous et surtout bon courage à tous ceux qui en ont besoin.

    Merci pour tous ceux qui se sentent “perdus”.

  18. S. dit :
    Je ne suis pas Asperger mais je me reconnait dans beaucoup de choses dans ce billet. Je me sens moins bizarre en constatant au fil de mes lectures sur internet qu’il y a plein de gens plus ou moins comme moi, et une grande diversité d’histoires, de vécu, de façon d’être au monde. Il ne faut jamais laisser quiconque nous juger, nous sommes tel que nous sommes, et nous ne l’avons pas choisi.

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